La cour des Murmures
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L'immortalité

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Message  hamza Lun 28 Nov - 13:23

Nouvel arrivant, deux points majeurs et leurs conséquences parviennent rapidement à nos oreilles et nos esprits:
  • nous portons un pentacle élémentaire;
  • nous sommes immortels.


Beaucoup parlent, à tord ou à raison, en vérités ou en mensonges, et peuvent apporter sur la compréhension des "éléments", mais qu'en est-il de l'immortalité?
Ici nous tacherons d'élaborer, avec l'aide du savoir transmis, des dires des Éclaïstes, de notre pure expérience, existence, et des études de cas que nous avons pu faire.

Nous, connue ici sous le nom de Luinilith Carcairwen, léguons ce texte, texte composé de la réflexion et de l'étude d'une immortelle de Merulyan "née" ici avant la Guerre des Vanités, à ceux qui voudront le lire, texte dans le plus simple apparat, car à qui appartient l'œuvre si ce n'est au lecteur?
À vous donc de le saisir ou de fermer les yeux pour vous laisser bercer.

Immortels.
Nous pouvons le "vivre" de manière fréquente, du moins pour les plus aventureux d'entre nous.
Douloureuse expérience que la réincarnation, car si la mort, elle, peut être douce, le passage du portail est une étape qui ne laisse personne sans séquelle, quoiqu'on puisse en dire.

Définissons ce "nous", que sommes "nous"?
"Nous" n'a à être compris que comme "âme", entendre par là l'"esprit", par exemple. Notre "corps" est celui d'un autre, dit "hôte", ou "avatar", issu d'un "mortel", qui aura volontairement, ou non, laissé l'enveloppe à notre "âme".
Ainsi, cessons de nous penser comme corps, puisqu'il n'est qu'un artefact à notre nature.

Pour beaucoup, nous n'avons à l'esprit que notre dernière mort, ou le passage d'un portail, ou une expérience qui nous a portés ici, en Merulyan, et qu'en ce monde, nous sommes "immortels".
Cependant, devons-nous oublier les paroles des Éclaïstes disant que nous avons toujours été été "immortels".
De ce que je suis, nous avons souvent pensé que plusieurs formaient une. Que les astres et les Dieux, par leurs désirs, firent que notre esprit frôlait celui d'une, de deux, même plus, par moment. Longtemps, j'ai vu ces "autres" comme des "étrangères que je connaissais bien".

Cependant nous savons que l'âme porte la mémoire. Démonstration en a en effet été donnée dans une autre étude sur l'âme et ce qu'elle renferme.
Nous savons sans aucun doute possible aussi que nous, habitants de Merulyan, si pour beaucoup nous venons d'un Féérune ou autre continent d'Aber Toril, ce n'est pas foncièrement le cas: reconnaissez vous, vous, étrangers au mode de pensé qui vous est proposé ici, calqué sur celui de Toril, reconnaissez vous, vous, qui n'êtes de notre culture.

Ainsi donc, celles que je vois, celles qui dans ma vie précèdent mon passage du portail, celle que je prenais pour une sœur d'esprit, toi, Sarhia, qui fut pour moi une aide précieuse, je sais aujourd'hui que ta présence est une réminiscence d'une de mes propres existences passées, d'une incarnation révolue, qui a fini un cycle, tout comme toi, l'humaine que je fus encore plus loin dans la sinusoïde du temps, et qui ne vivait sur Toril.
Je ne suis donc pas plusieurs: je suis "âme" portant encore le souvenir de plusieurs incarnations, tout comme tu étais, Shal, âme réincarnée dans un hôte qui n'en avait pas conscience, mais que j'ai pu ressentir. J'avais pu te le dire, mais tu n'avais saisi que je puisse te connaître sans que tu t'en souviennes.
Je ne nie pas non plus les liens qui peuvent se créer, menant à l'idée d'âme multiple en un même corps, puisque je le vis aussi. Pour ce cas, puisqu'il m'a été donné de côtoyer de son vivant l'âme, il est impossible qu'il s'agisse d'une réminiscence d'un passé.

L'âme, ce que nous sommes, évolue donc de corps en corps dans la plus grande ignorance dans la majorité des cas.
Je dis "dans la majorité des cas" car il peut être donné à certains de connaître leur état d'immortel avant même de passer le portail pour la première fois.
Le portail n'est donc pas le facteur déterminant de l'immortalité: ce n'est pas le portail qui nous rend immortel.
Cependant nous ne pouvons nier que c'est par l'existence même de ce portail que beaucoup apprennent leur immortalité, ce qui en fait donc dans l'esprit l'élément déclencheur. Mais si ce n'est la source de l'immortalité en elle-même, il est, pour beaucoup, la source de sa prise de conscience.
"Pour beaucoup", j'insiste, car, quelque part le Tel'Quessir touche à cela depuis des ères: nous vivons toujours, nous, Beau Peuple, dans le partage de nos mémoires, et la "mort physique" n'est qu'une étape sur notre chemin.

Étape d'un chemin, chemin qui peut être long, et qui nous offre de multiples corps.
Je fus humaine, je fus sang mêlé, tant avant le portail, qu'après, et j'ai aujourd'hui l'apparence d'une elfe, précisant que pour cette dernière apparence, il s'agit d'une évolution naturelle, j'entends sans remodelage par les Éclaïstes.
Ainsi je comprends mon cheminement dans l'errance de mon immortalité. Je conçois trois souvenirs de moi-même, et en ignore, en mon état de conscience actuel, certainement d'autres.
Cependant, force est de constater que peu ont cette mémoire résiduelle de multiples états passés. La majorité semble passer le portail avec un unique souvenir de ce qu'ils furent.
Beaucoup considèrent qu'il s'agit de leur état précédent, qu'un événement a poussé en Merulyan.
Cependant, nous pouvons imaginer qu'il ne s'agit que du souvenir d'un état passé, quelque soit sa position dans la "chronologie" de leur immortalité.
Rien ne dit, en effet qu'il est immédiatement antérieur, comme le laisse penser certaines discutions qu'il m'a été données de mener.
La multiplicité de souvenirs ne pourrait-elle d'ailleurs expliquer les "erreurs" que l'on peut observer au passage du portail: un corps d'homme pour un souvenir féminin, ou inversement: ne peut-il s'agir d'un enchevêtrement de deux souvenirs?
Si tel était le cas, nous pourrions donc avancer que l'âme est asexuée, mais je reviendrai rapidement sur ce point plus tard.
Pour l'heure, si la théorie est plaisante, rien ne permet d'affirmer cette idée de mélange entre deux états souvenirs, l'un régissant la mémoire résidante, l'autre la forme adoptée, l'hôte offert.
Cette question d'ailleurs ne se pose qu'ici, en Merulyan, puisqu'en d'autres mondes l'immortel - l'âme immortelle que nous sommes - prend place, le plus souvent dans un corps à sa naissance et le suis jusqu'à sa fin, ce qui évite donc les entrelacs, ou de manière "forte", entendre ici: "en prenant un mortel déjà vivant".

L'état d'immortel peut cependant avoir un point de départ: un mortel peut devenir immortel, en avoir conscience, et le "vivre".
Mais la conscience de l'immortalité n'est pas l'immortalité elle même.
Nous affirmons que Merulyan n'a pas l'exclusivité de la conscience de l'immortalité, ni de sa mise en pratique, même si, de l'expérience que je peux en avoir, elle semble la seule à fonctionner avec un système de Portail, orchestré par les Éclaïstes.

La naissance de l'immortalité (de sa prise de conscience) dans cet autre monde semble se faire par d'autres immortels, approchant un mortel (selon lui) pour l'informer de son état.
Dans ce monde différent, il apparaît que l'immortalité est liée aux éléments une fois encore. Peut-on donc se dire que les deux sont intrinsèquement liés?
En partie, j'oserais dire que "oui": une configuration particulière des Éléments semble attachée aux immortels, tant ici, que dans cet autre monde proche de nos conceptions, mais est-ce l'immortalité qui induit le pentacle - ou configuration particulière - ou l'inverse: le pentacle qui induit l'état de mortalité ou non?
Pour l'heure, nous pouvons nous arrêter à "l'un induit l'autre".
Je ne traite pas des immortalités "créées" par ce que l'on nomme "magie", bien sûr, immortalité qui a déjà vu de nombreux traités certainement, selon la façon d'approcher la chose.
Un ensemble d'immortels survit par la possession d'un corps hôte, ne se reproduisant donc.
Nous, âmes, nécessitant pour quelque raison que ce soit, un corps pour évoluer, prenons ici celui d'un hôte par l'intercession des Éclaïstes et du portail.
Les Maîtres de l'Éclat confectionnent - ou trouvent - dans l'ensemble des mortels, un corps en adéquation avec notre souvenir pour nous l'offrir.
C'est ce qu'il se passe du moins en Merulyan, d'autres systèmes d'immortalité liée aux éléments ne nécessitant pas forcement un tel mécanisme: les immortels, sous une forme non encore définie, peuvent prendre d'eux même possession d'un corps de mortel, cette incarnation passant par la mort du sujet.
Ceci à pour conséquence immédiate que l'immortel n'a en substance pas besoin d'un corps pour exister, pour avoir conscience, et pour interagir.
Cette conséquence d'intangibilité de l'immortel engendre une autre question majeure: avons nous un réel besoin d'incarnation?
Comme réponses possibles, liste non exhaustive, nous pouvons avancer:
  • le besoin d'expériences
  • la nécessité d'agir sur le monde
  • la nécessité d'un corps pour "ressentir"

Ces trois exemples vont dans un sens particulier: nous, âmes, recherchons un plaisir (que ce soit physique ou mental) que seul l'incarnation pourrait nous apporter.
D'autres possibilités existent bien sûr, que j'aborderai plus loin.

Ne se reproduisent, en effet car la résultante de l'union charnelle, le fruit obtenu, est celui des corps hôtes. Il n'y a pas d'impossibilité à la reproduction, être immortel incarné n'implique aucunement la stérilité (tant masculine que féminine). Nos âmes, attirées l'une vers l'autre dans un désir, mènent nos corps, nos hôtes, à se lier. Mais il ne s'agit que de l'union de nos corps, et nos âmes, aussi liées à nos éléments soient-elles ne nous permettent de définir, modifier, ou insuffler un pentacle à l'enfant qui prend vie.
J'affirme, forte de l'expérience, que les enfants sont bien le fruit de nos hôtes, hôtes qui certes sont, en nos esprits, nos images, mais nous ne devons oublier que nous ne sommes qu'âme, et que le corps n'en est que le véhicule que nous empruntons.
L'enfant est bien du Soleil, mortel, et si nous y sommes attachés, il faut nous résigner à leur nature mortelle.
Au delà de l'enlèvement prévu par la loi, qui mettra notre progéniture à l'abri, dans le lieu tenu secret des mortels, qui nous déchirera certainement, la douleur la plus aiguë sera, en mon sens, celle de le voir grandir, évoluer, s'assagir, devenir homme ou femme, puis entamer sa vieillesse, jusque sa mort. Tel est, en mon sens, la plus grande souffrance issue de l'union de deux immortels.
Pour continuer sur la reproduction, dans le sens "élargissement de la communauté immortelle", on note aussi ce que j'appellerai l'apparition spontanée, bien que rare, d'immortels, par le bouleversement du pentacle, purement Soleil à l'origine. Alors les immortels présents peuvent l'initier à cette nature particulière.
Ceci est, oui, possible, bien que je n'en connaisse pas, pour l'heure, le mécanisme.

Quatre types d'incarnation possibles à ce jour connus donc:
  • le portail et le travail des Éclaïstes;
  • la prise de contrôle d'un mortel directement par la volonté de l'immortel, étape passant par la mort de l'hôte en devenir;
  • l'incarnation directe à la naissance;
  • la mutation d'un mortel en immortel.

Il est à noter que le troisième cas pourrait être englobé dans le second: en effet ne s'agit il pas d'une prise de corps, certes très tôt, d'un mortel en devenir?
Nous pouvons nous interroger sur la survie de l'âme du mortel dont nous possédons le corps même via le système de portail. Cependant on nous instruit que l'âme de ce dernier est préservée.
J'ajouterai que, si tel était le cas, nous pourrions considérer que nous offrons ainsi au mortel qui nous sert d'hôte une forme d'immortalité. En effet, par le travail des Éclaïstes, et du fait que nous sommes immortels, le corps ne périt pas (immortalité feinte du corps), et, puisque tant que nous possédons ce corps, l'âme du mortel est préservée (immortalité feinte de l'âme pour le coup).


Nous concluons donc sur l'immortalité de l'âme plus que du corps de manière générale, et de la fausse immortalité du corps dans ce monde à portail où nous recevons, en boucle un corps confectionné à l'image de notre âme, ou du souvenir que nous concevons dans un premier temps, l'évolution du corps étant tout à fait possible et reconnue.
Nous concluons aussi que l'immortalité de l'âme n'a nul besoin de la conscience de l'immortalité, mais que celle-ci ouvre le champ d'investigations et d'études bien plus large, sans dévaloriser les vies de mortels, ou d'immortels inconscients de la chose devrais-je dire plutôt, pour rester rigoureuse.
Nous concluons aussi, au vu des mondes traversés, des expériences, que l'immortalité ne semble avoir nul besoin de foi car de mon évolution propre, de celle de certains d'entre nous, nous étions ce que l'on nomme "agnostique", voire "athée" dans le sens strict du terme.
Je reviens rapidement sur l'idée d'âme asexuée. Le principe même d'âme différenciée du corps mène à cette conclusion, puisque n'est "sexué" que ce qui a possibilité de se reproduire. Ainsi, l'immortel n'en ayant la possibilité dans son état non corporel, il est logique que nous le soyons alors. Viennent ensuite les préférences que notre expérience nous donnera, préférences qui, par exemple dans le cas de décision d'incarnation personnelle, nous mènera vers tel ou tel mortel.
Et cela rejoint l'idée même que nous entendons : l'Âme modèle le corps, hypothèse vraie dès que nous considérons ce que nous sommes comme âme.





Je tacherai d'apporter d'autres points à la lucidité de mon raisonnement, pardonnez le caractère "brouillon" de ce que je vous présente à cette heure.
Je reviendrai dessus, sans nul doute…



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